Deux roues pi d'la bouette

À l’image de Marin et de Cannondale, Fuji fait tranquillement des bons bikes de montagne depuis quelques années sans en parler fort fort.

Ça les met pas mal loin dans ta liste mentale de bike à regarder dans ton prochain magasinage, pourtant sur papier l’ensemble des morceaux sont là: prix, géométrie, et composante de qualité.

Comme ben d’autres affaires, la clé est dans l’exécution: est-ce que Fuji a créé un bike qui mérite de sortir de l’ombre?

Méthodologie

J’essaie les vélos sur une période d’une semaine, ça me permet de mettre, grosso modo, 10 heures dessus. Je priorise toujours le type de trail pour lequel le vélo a été pensé, mais je me permets aussi d’aller challenger ses limites. 

Mon objectif c’est de cerner, pour toi, son caractère et sa personnalité. Comme ça, tu peux t’assurer de trouver un vélo qui fit avec toi et tes ambitions dans le bois.

Dans ce cas-ci, c’est un de mes vélos démos que j’ai en magasin. J’essaye, autant que possible, de rester impartiale dans mon essai, mais je te pardonnerais d’être un peu plus critique envers ce que tu vas lire.

Dans l’article, on va aborder:

• Présentation
• Géométrie
• Grimpe
• Descente
• 3 choses que j’aime et que j’aime pas du Tracer
• Build à acheter
• Verdict

Temps de lecture: 7 minutes

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1 – Présentation

Le Rakan c’est le bike de trail de Fuji: un vélo touche à tout qui essaie de couvrir un vaste spectre de trail, de terrain et de niveau d’habileté.

Ça peut aller de la journée de gros pédalage à Burke jusqu’à l’occasionnelle journée de chaise dans des trails raisonnables.

C’est un (pas pire) gros mandat à réaliser.

Plus spécifiquement, Fuji vise le premier acheteur d’un vrai vélo de montagne, c’est donc important que le Rakan soit capable de progresser avec toi, autant au niveau de la géométrie que des composantes.

Il est dans la même catégorie que:

• Marin Rift Zone
• Giant Trance 29
• Specialized Stumpjumper
• Trek Fuel EX
• Norco Fluid FS
• Etc.

2 – Géométrie

Pour un vélo sorti en 2019, Fuji visé dret dans le mille. 4 ans plus tard, tout est encore actuel, voire même plus agressif que sa compétition directe.

De l’angle de fourche (65) à celui de tige de selle (76/77), l’ensemble des chiffres sont adéquats, pertinent et bien évalués. Si j’avais à changer de quoi, je prendrais un chainstay un peu plus long (431mm) et un stack (hauteur de guidon) plus grande pour complémenté le reach généreux.

Il faut aussi noter qu’il n’y a pas de XS, ce qui est important pour bien couvrir l’ensemble des tailles, particulièrement chez la femme.

3 – Grimpe

La Rakan est un pédaleur ferme et efficient: le haut niveau d’anti-squat du bike te laisse clairement comprendre qu’il va y avoir un minimum de pedal-bob.

C’est particulièrement vrai en pédalant debout, un endroit où les principaux concurrents du Rakan vont se promener pas mal parce que leur suspension offre moins de support.

Le défaut qui vient souvent avec beaucoup d’anti-squat, c’est une suspension qui hésite à se conformer au terrain et donc génère moins de traction. Dans ce cas-ci, j’ai été agréablement surpris du compromis. Un Trance ou un Stumpjumper vont définitivement offrir plus de traction, mais le Rakan est suffisamment proche pour pouvoir justifier le compromis et le support au pédalage.

Un autre élément positif c’est la position agressive qui te permet d’utiliser à bon escient les muscles de tes jambes. Ton centre de masse est bien centré entre tes axes (pas besoin de se pencher vers l’avant pour garder la roue au sol) et la distance généreuse entre ta selle et ton guidon te permet de bien engager les muscles de tes cuisses tout en respirant.

Contrairement à ben des bikes sur le marché, il ne va pas de placer assied ben droite sur ta selle (ce qui est une bonne chose).

Bref, la position est excellente et la suspension favorise l’efficience au pédalage (ce qui est rafraichissant dans un segment ou la mollesse prédomine).

4 – Descente

Flow

C’est le point où le Rakan a le moins bien fait. Pour bien performer dans du flow, un bike a besoin d’offrir du support tout au long de son débattement.

Dans le cas du Rakan, la suspension à plus tendance à s’affaisser sans nécessairement offrir la plateforme positive qui t’encourage à pomper le terrain pour générer de la vitesse.

C’est un caractéristique qui semble plus treacky à atteindre dans cette gamme de prix là (c’est un comportement commun à ses concurrents). De mon expérience il y une interaction entre le damping et le ressort (air) qui demande un fin équilibre pour bien y arriver.

Le guidon bas du Rakan n’encourage pas non plus les manuals (poids sur tes mains) que le cours chainstay favorise.

Bref, le Rakan fonctionne adéquatement dans le flow, mais ne fait pas mieux que ses concurrents et, surtout, ne dépassera pas tes attentes comme il y arrive dans d’autres situations.

Technique

La plupart des bikes à ce prix-là fonctionnent bien … jusqu’à un certain seuil où ils commencent à devenir imprévisibles.

Que ce soit les suspensions qui sont inconstante ou du flex imprévisible dans le cadre ou les roues, tu atteins souvent un seuil que tu te sens inconfortable de dépasser.

Pas avec le Rakan.

Pour son prix et sa catégorie, le Rakan est un bike auquel tu peux donner de la marde en masse sans qu’il bronche. Le cadre a une sensation solide, prévisible et rassurante dans les gros hits et ça en fait un excellent bike pour progresser sans devoir changer de bike après 1 ans parce que tu trip fort.

Je me sens confortable (malgré les pneus) de pousser le Rakan dans des trails rough noir, voir double noir: c’est pas quelque chose que j’ai dit souvent d’un bike avec 120mm de débattement, peu importe le prix.

C’est dû à un mélange de la qualité du cadre (solide et rassurant), mais aussi des composantes, particulièrement les freins. Les TRP Slate sont fort probablement les meilleurs freins que tu peux obtenir sur un bike à moins de 4 000$.

Contrairement au Shimano MT420 (super long levier qui feel mort) ou au G2 R (ou pire, des Level), les Slates ont un levier avec une bonne forme pour utiliser à 1 doigt et un mélange de puissance et de modulation exemplaire. Avec la Marzocchi Z2 (l’exemplaire que j’ai roulé était particulièrement douce), ça contribue pour beaucoup à la performance du Rakan.

Pour vrai, le plus gros frein du Rakan dans le technique, c’est ses pneus: la gomme dual compound n’offre pas la grip que le reste du bike demande.

3 choses que j’ai aimées du Rakan

1. La sensation de solidité et de prévisibilité en descente du cadre: ça t’encourage à lui en donner plus et à progresser.
   
   
2. La position et la fermeté de la suspension au pédalage: c’est un équilibre rare encore aujourd’hui dans cette gamme de prix là.
   
   
3. L’entrainement Shimano Deore (avec un dérailleur SLX). Deore est des milles en avant du Sram SX/NX qu’on retrouve souvent autour de 3500$. En plus d’être plus sharp, les pièces sont plus durables et plus abordables à remplacer.

3 choses que j’ai pas aimées du Rakan

1. Les freins TRP Slate on développé assez rapidement un seal de piston qui coule (contamine les pads et le disque).
   
   Ça arrive aussi chez Shimano et Sram, mais c’est un problème pas toujours évident à diagnostiquer et qui prend un certain temps à traiter en garantie.
   
   
2. Même sur un cadre large, j’ai seulement été capable de fitter une bouteille de 600ml. C’est le compromis pour avoir un downtube très droit (solidité).
   
   
3. Les pneus DHF/Dissector sont adéquats, mais la gomme dual compond vaut vraiment rien dès que ça vient humide.
   
   Je comprends qu’il faut atteindre un certain prix, mais je paierais au moins 100$ de plus pour avoir des pneus avec une vraie bonne gomme molle.

5 – C’est quoi les builds les plus intéressants?

Il y a 1 modèle qui vaut la peine de porter attention:

1. Fuji Rakan 1.3 – 3 700$
   
   Le Rakan c’est un excellent premier vrai bon bike de montagne. Le 1.3 c’est celui qui fait le juste compromis entre prix et qualité, question d’avoir un bike qui va te survivre quelques années.
   
   Des freins, à l’entrainement, aux suspensions, les specs sont spot-on et comparable aux plus grands manufacturiers de l’industrie.
   
   Il y a vraiment juste les pneus que je changerais.
   

6 – Donc, si tu magasines un Fuji Rakan, devrais-tu?

• L’éviter
• Le considérer
• Le mettre dans ton top 3
• Juste aller l’acheter

Si tu magasines ton premier vrai bon double suspension tout en ayant un budget limité pi que t’aimerais pouvoir le brasser sans avoir peur de tout briser, tu devrais mettre le Rakan dans ton top 3.

Tu vas obtenir un vélo versatile, capable de progresser avec toi et digne d’upgrader sans le futur.

C’est un équilibre rare à trouver pour le prix que Fuji demande.

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