Deux roues pi d'la bouette

Scor c’est la tentative de BMC de (enfin) percer le marché du vélo de montagne après de multiples essais infructueux de la marque mère.

L’idée c’est de laisser de côté l’image corporate de BMC et de se permettre de faire des vélos moins sérieux, plus joueur et engageant pour le commun des mortels tout en gardant les qualités de la machine BMC (qualité de fabrication, chaine d’approvisionnement, garantie, etc.)

Si le 2030 build sur les qualités du 4060 (1er cadre de Scor) qui a été universellement bien reçu, Scor commence à avoir de sérieux arguments pour les clients traditionnels de Yeti, Santa Cruz et Pivot.

Méthodologie

J’essaie les vélos sur une période d’une semaine, ça me permet de mettre, grosso modo, 10 heures dessus. Je priorise toujours le type de trail pour lequel le vélo a été pensé, mais je me permets aussi d’aller challenger ses limites. 

Mon objectif c’est de cerner, pour toi, son caractère et sa personnalité. Comme ça, tu peux t’assurer de trouver un vélo qui fit avec toi et tes ambitions dans le bois.

Dans ce cas-ci, c’est un de mes vélos démos que j’ai en magasin. J’essaye, autant que possible, de rester impartiale dans mon essai, mais je te pardonnerais d’être un peu plus critique envers ce que tu vas lire.

Dans l’article, on va aborder:

• Présentation
• Géométrie
• Grimpe
• Descente
• 3 choses que j’aime et que j’aime pas du 2030
• Build à acheter
• Verdict

Temps de lecture: 7 minutes

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1 – Présentation

Le 2030 c’est le petit touche-à-tout de Scor, celui que t’achètes pour faire des grosses journées à avoir chaud sur ta selle autant que pour aller schredder 2-3 laps en finissant de travailler.

L’objectif c’est d’être engageant et stimulant tout en générant de la confiance en descente sans négliger l’efficience en montant.

Pour y arriver, Scor utilise un triangle arrière basé sur 2 courts links co-rotatifs, le même genre de design utilisé par Pivot, Ibis et Yeti. La solution de Scor étant plus compacte et visuellement esthétique que la moyenne par contre.

Scor permet aussi de rouler le bike avec 10mm de plus avant/arrière en changeant le air shaft de la fourche et en modifiant le spacer limitant de débattement à l’arrière. C’est d’ailleurs probablement comme ça que je le roulerais si c’était mon bike personnel. J’en parle plus tantôt, mais la géométrie est capable d’en prendre pas mal plus que le débattement des suspensions te le permet.

Il est dans la même catégorie que:

• Santa Cruz Tallboy
• Pivot Mach 429 Trail
• Yeti SB120
• Ibis Ripley
• Evil Following
• Etc.

2 – Géométrie

Scor garde le concept qui a été apprécié avec le 4060 (angle de fourche ben slack, reach long et triangle arrière court) et l’apporte dans un segment encore plus traditionnel (petit trail bike). C’est définitivement le bike le plus long et le plus slack de son segment.

Un autre élément important c’est le tube de selle court qui te permet de rouler un long dropper pour plus d’aisance en descente. Le triangle arrière et la longueur du tube de direction sont plus traditionnels par contre.

Bref, Scor a créé un petit package ben intéressant sur papier qui promet de l’efficience en monté, une position saine et de quoi de ben agressif pour la descente.

3 – Grimpe

Je vais aller droit au but: le 2030 est un des meilleurs grimpeurs que j’ai eu la chance d’essayer.

Ce qui distingue les meilleurs bikes dans le segment, c’est la capacité de garder une suspension neutre au pédalage (autant assis que debout) tout en générant de la traction dans le technique. C’est une fine ligne que j’ai seulement vécue sur des Yeti et des Ibis dans le passé.

Le 2030 est donc capable d’être ferme quand tu donnes du gaz debout sur tes pédales tout en te permettant de coller au sol et générer de la traction quand t’en as besoin dans une montée lousse/molle. Tu te sens moins interrompu par les obstacles que sur un Tallboy ou un Mach 429 par exemple.

Faire un bike ferme au pédalage, c’est relativement simple. En faire un qui combine ça avec de la traction et de la souplesse, ça demande pas mal plus de finesse et de maitrise.

Ce qui est critique par contre avec le 2030, c’est de choisir la bonne taille. Comme l’angle de tige de selle réel est plus slack que l’effectif, ta sortie de selle fait une grosse différence sur la position de ton centre de masse. Le court triangle arrière te laisse un courte marge de manoeuvre qu’il ne faut pas dépasser, autrement l’avant devient léger en montant.

Bref, si c’est une priorité pour toi d’avoir un excellent bike en grimpant, le 2030 va répondre, voir dépasser tes attentes.

4 – Descente

Flow

Si les capacités en montée du 2030 vont avoir piqué ta curiosité, c’est ici que tu vas tomber en amour.

Tu peux pomper, pousser et générer de la vitesse avec le 2030 d’une façon que j’ai seulement vécu avec des Evil par le passé. Il y a quelque chose de viscéral dans le 2030 qui t’encourage schralper des virages et pousser plus haut dans les jumps.

On dirait qu’à chaque fois que tu lui en donnes plus, il t’en redonne davantage, mais toujours d’une façon prévisible et utilisable.

Il y a le mélange de la suspension très progressive (tu n’auras pas de harsh bottom out), mais aussi du cadre qui a juste le bon niveau de flex pour être l’fun à loader en virage. Ça lui permet aussi de tracker le sol avec assurance plutôt que de skipper sur les imperfections du sol (signe de trop de rigidité).

C’est un équilibre vraiment difficile à atteindre et ça démontre le sérieux et la maturité de Scor malgré le jeune âge la compagnie (même si pas vraiment parce que c’est BMC).

Si ton principal intérêt dans un bike c’est le flow et avoir le plus de air time possible, le 2030 va te hanter tes soirées après l’avoir essayé.

Je veux pas utiliser trop de superlatifs, mais j’ai sincèrement été surpris par ce vélo-là. Il vient de redéfinir mes attentes dans du flow.

Technique

À l’essentiel, la géométrie te permet des choses que le débattement et les suspensions du 2030 ont de la misère à gérer.

C’est une bonne chose.

Ça fait un vélo capable de jouer avec la limite de ses capacités sans devenir dangereux. Tu peux pousser aux limites de la traction avant que ça devienne dangereux (pi c’est l’fun en maudit). Il y a de quoi qui m’accroche dans le combo petit débattement et géométrie ben slack.

Cela étant dit, j’aurais aimé avoir le temps d’essayer le 2030 avec des plus gros pneus, mais roulant (ex: Pirelli Enduro M), j’pense que ça aurait permis de mieux exploiter les capacités du bike que le combo Dissector/Rekon qui sont plus down-country qu’autre chose.

Ça aurait aussi permis de mieux exploiter le sain niveau de flex qui a dans le cadre (améliore la traction dans le stock off camber) et rouler le gaz un peut plus au fond dans des rock garden.

Les trails techniques mais relativement flats (ex: Léon aux SDM) sont probablement celles où le 2030 brille le plus. Tu dois être capable de gérer le gros chunk, mais aussi de générer du momentum de façon stratégique pour aller chercher le flow autrement invisible.

C’est définitivement un bike qui s’adresse à un rideur avancé et précis, mais si ça te parle, le 2030 va te permettre de rouler à peut prêt n’importe quoi. C’est quelque chose que je ne peux pas vraiment dire de sa compétition directe.

En terminant, le bike est silencieux. Pas de stock lousse qui flacotte, pas de câbles qui résonnent dans le cadre, pas de roues qui ke-kling, pas de bruit de chaine. Juste tes pneus qui peinent à trouver la traction que tu leur demandes.

3 choses que j’ai aimées du Scor 2030

1. Sa personnalité infectieuse dans du flow, j’aurais schralper des berms et fait du air time a journée longue avec.
   
   
2. Son efficience, sa position et sa traction en monté: c’est un text book de ce que devrait être un bike en grimpant.
   
   
3. La simplicité et la pureté des lignes et des couleurs. Je sais que c’est pas supposé être un critère, mais c’est l’fun d’avoir un bike que tu trouves beau. Ça donne le goût de le prendre et d’aller le rouler.

3 choses que j’ai pas aimées du Scor 2030

1. Les pneus Dissector/Rekon sont techniquement adéquats pour la catégorie du 2030, mais il te permet d’aller tellement plus loin que les pneus d’origines que ça en devient frustrant.
   
   
2. Comme pour les pneus, les disques de 180mm sont techniquement adéquats pour le segment, mais tu peux pousser le bike largement plus loin que les disques sont capables de gérer.
   
   Ils surchauffent rapidement et la sensation au levier devient aléatoire.
   
   
3. Le combo tube de direction bas et guidon avec peu de rise met beaucoup de poids sur tes mains, ce qui devient épuisant rapidement en descente.
   
   Si c’était mon bike, je mettrais un guidon avec un rise généreux (50mm+) pour avoir une position plus neutre en descente.

5 – C’est quoi les builds les plus intéressants?

Il y a 2 modèles qui valent la peine de porter attention:

1. Scor 2030 NX – 7 200$
   
   On s’entend du NX pour ce prix-là c’est soso, mais ce qui se cache derrière le nom ben mal choisi, c’est d’excellente suspension, des roues qui m’ont surpris (légèreté et solidité) et des freins puissants (pour le segment).
   
   C’est le genre de bike qui feel plus que la somme de ses parties parce que l’argent a été bien investi aux endroits ou c’est important et les composantes de la marque maison de Scor sont de qualité.
   
   Si ton budget est limité et que tu es tombé en amour avec le bike, il n’y a pas de composante (outre les pneus) qui vont gâcher le reste de ton expérience comme ça arrive souvent dans les premiers builds des compagnies premium.
   
   
2. Scor 2030 Frameset – 4 600$
   
   Si tu es pour investir plus de 10 000$ sur un bike, on est rendu dans le domaine du dream bike et ça vaut la peine de prendre la route du custom build: tu vas en avoir plus pour ton argent.
   
   Pour autour de 11 000$ tu vas pouvoir choisir exactement les composantes que tu recherches et aller au-delà de ce que fait Sram/Rockshox et Fox/Shimano.
   
   Que ce soit des gros morceaux comme les roues ou les suspensions qui vont définir le comportement de ton bike ou des plus petits éléments comme ta selle ou ton guidon, ça vaut la peine d’investir dans les bons morceaux dès le départ plutôt que d’acheter un build pour ensuite changer des morceaux pour le rendre à ton goût.
   

6 – Donc, si tu magasines un Scor 2030, devrais-tu?

• L’éviter
• Le considérer
• Le mettre dans ton top 3
• Juste aller l’acheter

Si tu magasines un trail bike vivant, joueur, efficient et capable de prendre du gros terrain technique, tu devrais juste aller acheter le Scor 2030.

Le segment est rempli de bike qui feel pareil que leur grand frère de 140mm+ ou qui sont trop conservateur pour justifier leur poids. Le 2030 est capable de jouer dans la cour des down-country en grimpant, suivre des all-mountain en descente tout en les éclipsant les deux dans le flow.

C’est le premier bike depuis très (très) longtemps qui me fait envisager de vendre mon Forbidden Druid: it’s that good …

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