Deux roues pi d'la bouette

Si t’avais à me donner une réponse spontanément, probablement que tu me parlerais de la géométrie.

Genre, un chainstay court, un angle de fourche pas trop ouvert et un reach compact?

À tout le moins, c’est la croyance populaire.

Le monde regarde la chart de géométrie en magasinant un bike et fondent pas mal leur opinion là-dessus.

Pourtant, les bikes ont vraiment allongé dans les 5 dernières années et, malgré les prophètes de malheur, il y a pas moins de bikes joueurs qu’avant.

Même que des bikes avec des géos de bikes d’enduro de v’là 2-3 ans sont qualifiés de joueurs.

Regarde simplement les essais autour du nouveau Canyon Spectral 29.

Ce bike là est ouvertement et unanimement décrit comme un bike joueur, vivant, agile, etc.

Les perceptions changent avec le temps?

Peut-être …

Pourtant, quand tu regardes la chart de géométrie, c’est un bike quasi identique au Norco Sight.

Pourtant le Sight est pas mal plus décrit comme un plow-bike.

En fait, c’est clairement pas des bikes avec le même comportement.

Je te dirais même que c’est difficile de faire des bikes plus opposés tout en étant aussi semblables sur papier.

Sûrement qu’il y a quelque chose d’autre?

Et quelque chose de visiblement important pour définir le comportement d’un bike.

Et là, je te promets pas de te révéler la recette magique et universelle du playfuless, mais je vais essayer de te jaser d’un élément qui semble visiblement important …

…musique dramatique…

La forme de la courbe de compression.

Boring?

Donne-moi un deux minutes pour exciter tes neurones.

De quessé?

C’est quoi la courbe de compression?

Grosso modo, c’est de t’ça qu’on jase quand on dit qu’un bike est progressif ou pas.

L’idée, c’est que tu peux faire varier l’effet de levier que ta suspension arrière impose à ton t’chock.

Est-ce que tu te souviens de ça:

Bon, est-ce que tu te souviens comment tu pouvais te placer le plus loin possible vers l’arrière pour faire comme si tu étais plus lourd?

Ben, ce qui te permet de faire ça, c’est l’effet de levier.

Plus tu te place loin du pivot au centre, plus tu augmentes ton effet de levier.

Sur un bike, tu peux faire la même chose dépendamment comment tu places tes points de pivot.

Donc, quand on dit qu’un bike est progressif, on dit que l’effet de levier est:

• Grand en début de course, donc c’est facile de compresser ta suspension.
• Faible en fin de débattement, donc la suspension est plus difficile à compresser.

Les variantes

Évidemment, il existe plusieurs types de courbe.

On peut commencer par les 3 plus générales:

1 – Régressive

C’est pas mal considéré comme de la poubelle sur un bike parce que ça rend le début de course ferme et la fin molle.

En gros, avec ça, tu te fais shaker par tout le petit stock pi tu passes ton temps à bottomer sur le reste.

En graphique, ça ressemble à ça:

2 – Linéaire

L’idée c’est de conserver le même effet le levier du début à la fin.

C’est adéquat avec des amortisseurs à air, parce qu’un ressort à air c’est progressif, mais c’est à éviter avec les coils.

En graphique, ça ressemble à ça:

Si je suis honnête, c’est plus vraiment un type de courbe utilisée.

À tout le moins, vraiment moins qu’avant.

Pas mal tous les fabricants utilisent maintenant une variante de progressivité.

3 – Progressive

Comme j’ai expliqué plus haut, ta suspension devient de plus en plus difficile à compresser plus tu t’enfonces dans le débattement.

L’idée c’est d’avoir une suspension active en début de course pour facilement absorber les vibrations mais assez ferme pour te supporter quand tu flat-land un jump.

Évidemment, il y a toutes sortes d’interprétation de cette idée-là.

Je t’en montre quelques-unes:

Donc, on commence à rentrer dans le coeur du sujet.

Un bike joueur, ça ben souvent une recette ben particulière de progressivité.

Le plus bel exemple que je peux te donner, c’est la courbe du Evil Wreckoning (en bleu).

D’ailleurs c’est un profil pratiquement unique et caractéristique à Evil.

Dans le premier tiers, tu as de quoi de vraiment progressif: la pente de la courbe est (très) prononcée.

Ça te permet d’avoir un très grand effet de levier en début de course et de facilement déplacer ta suspension pour absorber les petits impacts (garnottes, racines, etc.).

Cette partie-là rend pas vraiment ton bike joueur, c’est juste l’fun d’avoir un bike confortable.

Dans le tiers du centre, le pente de la courbe diminue.

Ton effet de levier se stabilise.

Ça permet d’avoir un comportement plus prévisible.

Si, par exemple, la pente reste abrupte, ça comme effet que tu passes rapidement d’une phase avec un bas effet de levier à une avec un grand effet de levier.

Typiquement, ça va te donner l’impression de frapper un mur de fermeté.

Et ça, c’est important.

Parce que tu passe la vaste majorité de ton temps dans le tiers du milieu de ton débattement.

Pi, un bike joueur, c’est un bike ferme, mais pas trop dans cette portion-là.

C’est aussi un bike prévisible et constant.

Rien de pire qu’une suspension qui fait de quoi de funky pour pèter ton fun.

Dans le dernier tiers, tu veux un regain de progressivité.

Tu veux que la pente augmente.

Pourquoi?

Parce que ça te donne de quoi sur lequel pousser.

Par exemple, une compression avant un jump.

Tu veux pousser sur de quoi de ferme, pas juste blower à travers ton débattement.

Ça te permet de te lifter dans les airs.

Un autre exemple, dans un virage.

Au milieu, quand la force de compression est la plus grande, tu veux pouvoir pousser sur une suspension avec du support pour te propulser à l’extérieur du virage.

C’est ça qui de donne l’impression de prendre de la vitesse.

C’est le même phénomène sur une trail roulante ou tu peux pomper ton bike pour générer de la vitesse.

C’est cette partie-là qui te donne l’impression de pousser sur quelque chose de solide.

Retour à la base

Bon, on vient de se perdre dans la théorie, mais c’est quoi qui définit un bike joueur?

Je pense que pour pas mal tout le monde, c’est un bike qui te donne un bon retour sur investissement.

C’est un bike qui te donne l’impression de convertir en vitesse l’énergie que tu mets dedans.

Pi ce que j’essaie de te démontrer, c’est que c’est le comportement de ta suspension arrière qui a le plus d’influence là-dessus.

Évidemment, la suspension avant a aussi de l’importance.

C’est juste que peut importe le bike que tu choisis, tu peux mettre la même fourche dessus.

En plus que les fabricants s’arrangent pour que tu puisses modifier à peu près comme tu veux ta suspension.

Pi quand tu peux plus le faire, généralement il y a une compagnie quelque part qui a de quoi de ben custom juste pour toi.

Un contre exemple

Je te parlais au début du Norco Sight versus le nouveau Canyon Spectral.

Je trouve pas encore la courbe de compression du Spectral, mais regarde bien celle du Norco Sight:

Regarde comment la courbe globale est peu pentue avec un dernier tiers quasi linéaire.

C’est une recette pour te donner plus souvent et plus facilement accès à ton débattement.

Normalement ça fait un bike plush qui tend à garder le contact avec le sol.

C’est parfait pour traverser du stock ben sketch ou t’essaies juste de garder tes roues au sol …

Mais moins pour le air time et pour générer du momentum dans des virages.

En conclusion

Si tu cherches un bike joueur, prends le temps de regarder la courbe de compression.

Cherche surtout ce dernier regain de progressivité dans le dernier tiers du débattement.

Sans que ça soit une règle absolue, parce que je suis convaincu de ne pas avoir résolu l’ensemble de la recette, tu devrais déjà avoir trouvé une grosse partie de l’équation.

Et ça risque de te permettre d’être plus ouvert d’esprit pour tous les petits détails de géométrie qui, au final, compte probablement pour moins qu’on pense.

Parce que si le Grim Donut nous a appris quelque chose, c’est qu’on est encore loin des limites.

En attendant, farfouille ici si tu veux voir si ton prochain bike correspond à l’idée que tu t’en fais.

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