Deux roues pi d'la bouette

Ça c’est un sujet qui est sorti de nulle part.

On jase depuis longtemps d’angle de fourche, de reach, de chainstay, même d’anti-squat.

Mais l’angle de tige de selle, wtf?

C’est un des angles morts de la géométrie qui est resté le plus longtemps ignoré.

Et pourtant, c’est pas comme si c’était banal comme élément.

C’est, mettons après l’anti-squat, l’élément qui a le plus d’influence sur la performance au pédalage.

Pi tu vas voir, à la fin de ta lecture, tu vas te demander pourquoi on a pas pensé à ça plus tôt.

De kessé

L’angle de tige de selle, c’est l’élément qui détermine ou est placé ton centre de masse quand tu es assied sur ton bike.

Tu peux toujours fine tuner en bougeant ta selle sur ses rails, mais c’est la position de ta tige de selle qui te met dans le bon ball park.

Ce qui est intéressant, c’est qu’avec un bon positionnement, je vais placer ton poids à un endroit où, quand tu vas pédaler, tu vas te déplacer en ligne droite vers le haut.

Hein?

Quand tu pédales, tu pousses, grosso modo, vers le bas ce qui te pousse vers le haut.

Évidemment, tu te lèves pas, mais tu deviens léger sur ta selle quand tu pousses fort sur tes pédales.

Je te donne un contre-exemple.

Si je te place un peu trop vers l’avant, quand tu pousses sur tes pédales, tu vas avoir tendance à te pousser vers le haut, mais aussi légèrement vers l’avant.

C’est ça qui cause des douleurs aux poignets et aux épaules, par exemple, sur un vélo de route.

Étant donné que tu dois constamment te pousser un peu vers l’arrière, ça met une pression sur tes bras et tes mains.

Pi c’est l’inverse qui se passe si je te place trop vers l’arrière.

Sauf que cette fois-là tu vas avoir tendance à te lever pour rétablir ton poids plus vers l’avant.

Ça c’est la partie qui nous intéresse en vélo de montagne.

C’est quoi la norme

Dans le monde du vélo de route, c’est pas mal accepté que l’angle idéal c’est autour de 73 degrés.

Ça prend en compte que des fois tu vas monter, des fois tu vas descendre, mais la plupart du temps tu vas rouler sur une surface pas mal horizontale.

Pi pendant des années, personne c’est posé de question en vélo de montagne.

Si c’est bon en route, ça devrait être bon en montagne aussi, right?

Et c’est là que ça devient intéressant.

Je sais pas pour toi, mais au feeling, je dirais que les pentes que je monte avec mon vélo de montagne sont pas mal plus abruptes que ce que je fais en vélo de route.

En plus, je suis pas mal assisjuste quand je monte, autrement, je drop ma selle pi je te shred ça en descendant.

Qu’est-ce qui se passe dans une grosse côte?

Il y a vraiment plusieurs choses qui se passent, surtout sur un double suspension.

Dans un premier temps, ça déplace ton centre de masse vers l’arrière, et avec quelques degrés, ça le déplace dangereusement proche de l’axe de ta roue arrière.

Dans ce temps là, à la moindre poussée sur tes pédales, tu fais du well et, parce que ta roue est dans les airs, tu arrives plus à diriger ton vélo.

Donc, qu’est-ce que tu fais pour garder ta roue au sol?

Tu te penches vers ta potence.

Mais là, dans cette position-là, tu engages seulement les muscles de l’avant de ta cuisse.

Ouin, ça c’est une affaire de physio que je vais pas expliquer plus en ce moment.

Donc, non seulement les muscles du derrière de ta cuisse se sentent seuls, mais tu viens de perdre une bonne partie de ta puissance.

En plus, c’est vraiment inconfortable comme position et, le moindrement que tu manques de flexibilité, ça cause des douleurs dans le bas du dos.

Et attends, c’est pas fini.

En déplaçant ton poids vers l’arrière, ça enfonce ta suspension arrière, parfois de beaucoup, et tu te ramasses dans une zone avec beaucoup moins d’anti-squat que le 25-30% de sag prévu par les designers.

Bref, je te résume ça:

Tu te ramasses couché sur ton guidon, avec la moitié de tes cuisses qui travaille, mal dans le dos et avec plein de pédal-bob.

De loin t’as d’lair de ça:

On corrige de combien?

Pour se donner une idée, on peut prendre pour acquis que le 73 degrés utilisé en route est une bonne base.

Tu peux ensuite additionner l’angle de la pente de la trail qui mène au sommet de ton réseau.

Comme j’ai dit plus haut, je prend pour acquis que tu es assis juste quand tu grimpes.

Je te donne un exemple, la pente qui mène au sommet 1 aux sentiers du Moulin (là ou je roule le plus souvent) est de 7.55 degrés en moyenne.

Donc pour avoir une bonne position, mon bike devrait avoir un angle de tige de selle de 80.55 degrés.

Et je prends pas en compte ma suspension qui s’enfonce et qui slack mon angle de tige de selle.

Pour te donner un comparatif, 78 degrés c’est perçu comme ben extrême en ce moment.

Le Grim Donut, qui est censé être un paquet de chiffres poussé trop loin, est à 83 degrés.

J’ai trouvé une image qui peut te permettre de visualiser l’effet:

Mais admettons que tu roules pas un bike d’enduro?

Mettons que tu roules plus un trail bike dans du stock plus roulant, qu’est-ce que ça donne?

La montée la plus smooth dans mon coin c’est la montée de lait à E47 avec une pente ayant un angle moyen de 4.61 degrés.

Donc, on pourrait penser qu’un bon trail bike aurait un angle de tige de selle au-dessus de 77 degrés.

La norme dans les petits bikes est plus autour de 75-76 degrés actuellement.

Pi crois-moi, 2-3 degrés ça fait un monde de différence.

Angle réel et effectif

L’idée c’est que l’angle de tige réel est toujours plus slack que l’effectif.

Ça fait que plus tu sors ta selle, plus tu as un angle de tige de selle effectif slack.

C’est quelque chose qui affecte tout particulièrement les grandes échalotes qui roulent des sorties de selle de fou.

Si c’est pas clair dans ta tête, j’te montre sur une image:

Donc, comme tu peux le simuler dans ta tête, plus tu montes ta selle, plus elle se déplace vers l’arrière et plus l’angle effectif devient slack.

Bref, c’est important parce que sur certains bikes, l’angle réel est tellement slack que ça a un impact majeur sur l’angle effectif.

J’te donne un exemple concret.

Le nouveau design de suspension chez Santa Cruz impose des contraintes et l’angle de tige de selle effectif peut facilement se slacker de 3-4 degrés le moindrement que tu as une grande sortie de selle.

Certains fabricants vont te fournir les deux angles, d’autres pas.

Bizarrement, Santa Cruz indique juste l’effectif …

Pi là je te parle de Santa Cruz parce que c’est le premier exemple qui me vient en tête, mais ils sont loin d’être les seuls.

Bref, fait pas confiance juste à ce qui est marqué dans la chart, des fois c’est juste la moitié de la vérité.

C’est aussi, selon moi, un bon argument pour up-sizer si tu es entre 2 tailles.

Tu te ramasses avec une moins grande sortie de selle et un angle de tige de selle effectif significativement plus grand.

Qui l’eu cru, un bike plus long pourrait, dans les faits, mieux grimper.

En conclusion

Je sais pas si on devrait toute rouler des bikes avec des angles de tige de selle de 85 degrés, mais une chose que je suis convaincu, c’est qu’on vient juste d’ouvrir la boite de pandore.

Le positionnement, un élément perçu comme vraiment important en route, est pourtant encore traité avec légèreté en vélo de montagne.

Pour vrai, ça t’es arrivé combien de fois dans ta vie qu’un vendeur ait mesuré autre chose que la hauteur de selle avant de te conseiller une taille?

Pi ça, c’est s’il t’assoit sur le bike avant de te dire, avec certitude, quelle taille tu devrais rouler.

Et c’est important de s’attarder à ses détails là, parce qu’on passe la majorité de notre temps à grimper avec un vélo de montagne.

Comme c’est pas exactement un moment confortable, c’est-tu possible de souffrir le moins possible en ayant la position la plus efficiente possible?

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